La redevance domaniale ne doit pas être disproportionnée
Michel Degoffe le 26 avril 2018 - n°344 de Urbanisme Pratique

Procédure contentieuse antérieure :
Mme A...E...a demandé au Tribunal administratif de Cergy-Pontoise d'annuler le titre exécutoire n° 15986 émis par la commune de Boulogne-Billancourt le 21 septembre 2012 à hauteur de 6 152,50 euros, le titre exécutoire n° 9113 émis par la commune de Boulogne-Billancourt le 14 juin 2012 à hauteur de 24 150 euros et le titre exécutoire n° 2610 émis par la commune de Boulogne-Billancourt le 20 février 2013 à hauteur de 17 842,25 euros ainsi que la décision en date du 14 mai 2013 du maire de Boulogne-Billancourt rejetant son recours gracieux formé à l'encontre de ce titre exécutoire.
Par un jugement n° 1300579-1300919-1305696 du 4 février 2016, le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise a jugé qu'il n'y avait pas lieu de statuer à concurrence d'une somme de 2 875 euros en ce qui concerne le titre exécutoire n° 9113 en date du 14 juin 2012 et rejeté le surplus des conclusions des demandes de MmeE....
Procédure devant la Cour :
Par une requête enregistrée le 4 avril 2016 et un mémoire enregistré le 14 avril 2017, MmeE..., représentée par Me Destarac, avocat, demande à la Cour :
1°) d'annuler ce jugement en tant qu'il a rejeté ses demandes ;
2°) d'annuler, pour excès de pouvoir, les trois titres exécutoires litigieux ;
3°) de mettre à la charge de la commune de Boulogne-Billancourt le versement de la somme de 2 500 euros sur le fondement de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Considérant que, par un arrêté en date du 1er mars 2011, le maire de Boulogne-Billancourt a accordé à Mme E...un permis de stationnement portant autorisation de déposer 26 ter rue Reinhard sur une surface de 23 m2 le matériel de chantier utile à la rénovation d'une maison individuelle ; que, selon les déclarations souscrites par Mme E...elle-même, cette occupation du domaine public communal a duré du 18 avril 2011 au 1er octobre 2012 ; que Mme E...conteste la légalité de trois titres exécutoires émis par la commune de Boulogne-Billancourt les 14 juin 2012, 21 septembre 2012 et 20 février 2013 mettant à sa charge le montant de la redevance due au titre de cette occupation du domaine public de la commune pour des montants respectifs de 24 150 euros, 6 152,50 euros et 17 842,25 euros ; que, par le jugement attaqué, le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise a jugé qu'il n'y avait pas lieu de statuer sur sa demande à hauteur de 2 875 euros s'agissant du titre exécutoire du 14 juin 2012 et rejeté le surplus des conclusions de MmeE... ;
Considérant que par deux délibérations en date des 9 décembre 2010 et 15 décembre 2011, le conseil municipal de Boulogne-Billancourt a porté de 10 à 25 euros puis à 26,75 euros par m2 et par semaine le tarif de la redevance applicable aux abords de chantier, pour occupation close ou non close du domaine public lié à des travaux de construction, de réhabilitation de réparation ou de démolition ; que cette augmentation de plus de 150 % n'est assortie d'aucune justification par la commune alors que la notice explicative de synthèse adressée aux conseillers municipaux évoquait une majoration de l'ordre de 2% pour la plupart des tarifs et taxes liés à l'occupation du domaine public ; que, par suite, Mme E...est fondée à soutenir que le tarif de cette redevance qui lui a été appliqué est entaché d'une erreur manifeste d'appréciation et à demander, par voie de conséquence, l'annulation des titres exécutoires en litige ;
Considérant qu'il résulte de tout ce qui précède, et sans qu'il soit besoin de statuer sur les autres moyens de la requête, que Mme E...est fondée à soutenir que c'est à tort que, par le jugement attaqué, le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise a rejeté sa demande ;
Décide :
Article 1er : Le jugement n° 1300579-1300919-1305696 du 4 février 2016 du Tribunal administratif de Cergy-Pontoise est annulé en tant qu'il a rejeté les conclusions de Mme E...tendant à l'annulation des titres exécutoires n° 15986, n° 9113, et n° 2610 émis par la commune de Boulogne-Billancourt le 21 septembre 2012, le 14 juin 2012 et le 20 février 2013 et à l'annulation de la décision en date du 14 mai 2013 du maire de Boulogne-Billancourt rejetant son recours gracieux formé à l'encontre de ces titres exécutoires.
Article 2 : Les titres exécutoires n° 15986, n° 9113, et n° 2610 émis par la commune de Boulogne-Billancourt le 21 septembre 2012, le 14 juin 2012 et le 20 février 2013 et la décision en date du 14 mai 2013 du maire de Boulogne-Billancourt rejetant le recours gracieux formé par Mme E...à l'encontre de ces titres exécutoires sont annulés.
Article 3 : La commune de Boulogne-Billancourt versera à Mme E...la somme de 2 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Article 4 : Les conclusions de la commune de Boulogne-Billancourt fondées sur l'article L. 761-1 du code de justice administrative sont rejetées.
Référence : Cour Administrative d’Appel de Versailles n° 16VE01019 du 29 juin 2017.
Urbanisme pratique n° 344 du 26 avril 2018.
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